–  A la découverte de l’évolution de l’enfant –

En naissant en février dans une famille paysanne, il était certains qu’il faille me faire garder. A la campagne pas de crèche ! Juste une grand mère autoritaire, habituée à diriger seule la ferme étant veuve de guerre. L’été arrivant, les travaux des champs étaient primordiaux pour nourrir toute la famille. Mes soeurs étaient passée par là, et donc j’allais expérimenter ce que c’était que de voir mes parents un peu le matin, et un peu le soir.  Oh ! Mamy faisait tout ce qu’il fallait pour me garder, et notamment me nourrir. Bien nourris je ne serai pas malade !  Mais elle devait s’occuper aussi de mon arrière grand mère, et du jardin potager, et puis parfois donner un coup de main au champs, surveiller l’arrosage…J’imagine alors que l’attention que l’on me portait était diffus et irrégulier. Et que les câlins que je recevais étaient bien en deçà de mes besoins. Plus tard, j’étais parfois surprotégé par Mamy qui s’inquiétait que je ne me fasse pas mal . Pensez vous : le seul garçon de la famille, qui reprendra surement la ferme ! Il fallait m’élever à la dure.

Quand va t’elle revenir ?

Je peux mieux comprendre aujourd’hui mes comportements dans ma vie affective et familiale. Quand Michèle doit s’absenter, je me sens anéanti : quand va t’elle revenir ? En m’indiquant l’heure de son retour, le doute s’invite : il y aura certainement un aléa qui fera me sentir seul, dans l’attente, dans une posture d’insignifiance. Et bien sûr, une fois à la maison, j’attend qu’elle célèbre tout ce que j’ai fait depuis son départ. J’aime entendre que j’ai bien fait, que je suis courageux, et que pour faire ceci ou cela j’ai vraiment du faire un effort. 

Si vous remarquez que vous avez une réaction forte envers votre enfant qui exprime ses besoins à un stade particulier de développement, il se peut que vous ayez été blessé à ce stade

La parentalité consciente invite le parent à prendre avec son enfant une posture d’écoute inconditionnelle. Pour cela, il aura accès à la perception relationnelle qu’il aura acquis et intégrée lors de sa propre enfance. Quelles que soient les situations du présent , il va revivre les sensations de cette nourriture émotionnelle qu’il a reçu de ses propres parents. En tant qu’enfant,  les besoins émotionnels se révèlent petit à petit, au cours de sa croissance. On parle alors de stades de développement relationnels qui se décline depuis la naissance jusqu’à une 20aine d’année. Pour rappel, ces stades ont été énuméré dans l’article « Le lien parent – enfant ».

    Les stades relationnels de l’enfance

    • Attachement ( 0 – 18 mois)

    Ce développement émotionnel est l’un des plus importants. Il permet notamment au cerveau du bébé de se construire de façon saine, par des stimuli réguliers depuis son entourage ( le regard, le touché, le miroir de ses expressions…). En parallèle, la sécurité qu’a besoin l’enfant est inconditionnelle, et le soutient dans son développement. Les parents doivent être disponibles de façon fiable, chaleureuse et à l’écoute des besoins et des ressentis du bébé. Celui ci acquiert alors une intelligence émotionnelle régulée et élastique. Si les besoins du petit ne sont pas suffisamment couverts par l’attitude parentale, on peut anticiper pour une adaptation future de relation fuyante ou de relation accrochante. Quel parent n’a pas gazouillé ou babillé à son bébé au risque de paraitre complètement sous le charme ! Et lequel s’empresse de répondre au téléphone tout en donnant le biberon !

    Les adaptations et les stratégies de vie résultent de besoins non satisfaits

    • Exploration ( 18 mois à 3 ans)

    Après avoir acquis le soutien de ses proches, l’enfant va découvrir la sécurité dans le monde en grimpant, jouant, courir ou grimper tout en étant sûr que papa ou maman est tout proche. Il va sentir ses capacités motrices, et commencer à se différencier. En lui donnant des espaces sûrs et une disponibilité fiable, le parent lui offre une curiosité intacte. A l’inverse, en étouffant son envie de découverte ou en négligent ses aventures, son avenir d’adulte verra des adaptations de poursuites ou d’isolement. 

    L’explorateur qu’est l’enfant à ce stade là est source d’indépendance et il est avide de découverte de son environnement et de son corps. Son mot favori : «  non !»; et en même temps il veut se débrouiller tout seul, tout en sachant son parent disponible. 

    Si votre enfant mange un escargot tout cru qu’il ramasse dans le  potager, lui direz vous : «  non ! arrête, c’est sale ! » ou bien «  moi, je préfère les regarder, avec leurs yeux télescopiques »  ?

    • Identité ( 3 à 4 ans)

    Maintenant il s’agit plus particulièrement de sa personnalité, ou plutôt de son intégrité : « Qui suis je ? ». Jusqu’alors, il était relié aux personnes et à son  environnement. Désormais il va s’apercevoir qu’il peut se différencier, se déguiser. En expérimentant des centres d’intérêts, des identités, il apprend à developper son Moi, il développe son imaginaire. 

    Les besoins les plus importants à ce stade sont d’être observés et reconnus – d’être vus.

    Et son besoin de reconnaissance est nourri. Par les appréciations, les histoires ou jeux imaginaires, le parent comprends que l’enfant s’essaye pour s’affirmer. A ce moment là il est vraiment dans la peau de son personnage : habillé en pompier, il est pompier. En danseur, il est danseur. Les besoins les plus importants à ce stade sont d’être observés et reconnus – d’être vus. A l’inverse, le parent qui lui diffuserait un miroir déformant ou inexistant va favoriser chez l’enfant un devenir d’adulte diffus ou rigide. On comprends donc que donner à son enfant un miroir ajusté, ouvert et sans jugement le fera un adulte avec un sens de Soi sûr. N’a t’on pas été au moins une fois, fort surpris, et de se voir réagir vertement en voyant son garçon déguisé en fille ?  Et plutôt que de le féliciter de le voir pédaler, de célébrer tout l’entrainement qui lui a fallu pour être un futur cycliste !

    • Compétence (4 à 7 ans)

    Ancrer tout ce qu’il sait désormais, et le transformer en opportunités d’exercer des activités physiques ou intellectuelles, résoudre des problématiques. La scolarité y contribue, mais à la maison il sera nécessaire de continuer à accompagner les essais, les erreurs, les réussites tout en amenant des conseils. Ainsi l’enfant identifiera justement ses compétences et ses limites, sachant que les autres peuvent l’aider. Sans cela, il va s’adapter possiblement vers un futur d’adulte ayant un désir de compétition ou de désengagement. 

    Ce n’est pas aider l’enfant qu’éviter la souffrance de l’erreur ou de l’échec.

    C’est un âge où la valorisation de ce qu’il fait est important, comment il y arrive. Et le résultat attendu n’est pas si important que ça. Seul le processus d’apprentissage est à souligner. «  Je sais jouer de la flute ! » Et même si ça couine un peu, le parent engagé partagera son enthousiasme. Et quand il dessine un bonhomme, c’est vraiment tentant de lui prendre le crayon pour arranger un peu …

    Cela peut être vécu par l’enfant comme un échec. Et pourtant, interpréter l’échec c’est aussi un moyen de favoriser l’engagement, recommencer. Ce n’est pas aider l’enfant qu’éviter la souffrance de l’erreur ou de l’échec.

    D’une certaine façon, les stade suivant rejoues les apprentissages du petit enfant,  mais avec des acquis. Il y a le stade de l’Intérêt ( 7 à 12 ans), puis le stade de l’Intimité (12 à 18 ans), et enfin le stade de la Responsabilité (18 ans et plus). 

    Nous avons tous reçus dans l’enfance des messages qui soutiennent ou qui répriment.

    En comprenant nos messages d’enfance, nous pouvons devenir plus conscients de notre réactivité et apprendre à répondre à notre enfant d’une manière consciente et qui soutient.

    En faisant le Miroir à nos enfants, nous pouvons les aider : comprendre et accepter leurs propres ressentis ; apprendre à réguler leurs émotions ; et s’apaiser.

    Proposition d’introspection seul, ou de dialogue avec son conjoint ( avant de démarrer, prendre soin de soi, respirer profondément plusieurs fois. Un conseil : prendre un cahier pour y noter vos pensées, vos remarques.

    • Quand je réagis vivement face à mon enfant, ce que cela me rappelle de mon histoire c’est…
    • En repensant à cela, ce que mes parents ont fait ou dit c’est…
    • Ce que je peux essayer de changer mon comportement c’est…