A notre naissance, nous avions tous un potentiel illimité. 

Pour survivre, s’intégrer à notre famille, notre culture, notre pays…  nous avons restreint cet énorme potentiel et mis au congélateur des parties de nous même. 

Nous nous sommes limités. Pour être aimé dans ce contexte là, nous nous sommes conformés à des attentes. Nous avons appris de croyances, de limitations, de protections. Et nous nous y conformons encore souvent devenus adulte

Je ressentais le besoin d’être célébré

Des rêves de mon enfance, j’ai peu de souvenir. Des sensations plutôt. Dans certaines situation, je ressens une montée de joie et d’allégresse. Je me souviens que j’étais fasciné par les aventures spatiales ( Mamie Victoria était exaltée du premier pas sur la lune ! ), par le CowBoy qui franchissait des étendues sauvages, et le Chef indien qui défendait son territoire et sa liberté. Par tous ces personnages de l’ombre parfois, qui mettaient leur vie au service du plus faible. 

Le point commun de tout cela, c’est l’apologie du héros. Celui qui est discret, pas le frimeur. Celui qui agit par conviction, par altruisme, non par vantardise. Au fond de moi alors, je ressentais le besoin d’être célébré, d’être vu, et reconnu dans ce que je faisais de  bien, tout simplement.

La valeur travail est primordiale.

Quand je me vois sur cette photo, je me re-connecte à cet enfant, à ce moment là. Déjà être photographié : c’était une reconnaissance incommensurable. En ce temps là dans notre famille, faire une photo était synonyme de moment festif, important. Je devenais important. Les manches relevées de la chemise, c’était un signe fort d’appartenir au monde des grands ( comme papa ). Et enfin cette asperge fabuleuse, énorme, fruit d’un travail acharné et intense. Dans ce cliché je me sens fier d’être dans ce clan, dans cette famille dont la valeur labeur, la valeur travail est primordiale. J’ai participé à ce chef d’oeuvre. Papa avait préparé le sol, fin et aéré, avec un sillon : on y déposait les griffes d’asperges. Puis venait le temps de poser la chenille, puis le grand tunnel pour créer un effet de serre, et voir ainsi pousser les asperges deux ans plus tard. Je me vois planter la gouge pour la décrocher de son rhizome : c’est difficile, il faut beaucoup d’adresse et de force.  C’est tellement dur ! Alors en brandissant cette asperge devant moi, c’est toute l’histoire et cette fierté familiale que je porte. 

Aujourd’hui, je ressens parfois l’envie d’être un héros, d’être sur scène, et de parader. Je me connecte au petit Marc qui avait tant envie d’être célébré et récompensé. Faisait il quelque chose extra ordinaire ? c’était vu comme normal. 

« Je t’entends me dire que je suis fort, dégourdi… »

Dans les dialogues avec Michèle, dans nos échanges c’est quelque chose qui revient régulièrement. Elle me rejoint et accueille ce petit Marc qui veut être sous les feux de la rampe, et le grand Marc qui dans son humilité, veut être juste. Et parfois je lui demande de me dire que je suis fort, dégourdi, bon bricoleur, génial, astucieux. Que je suis excellent, un modèle, courageux, doué…ET je lui demande expressément de me le dire trois fois. Trois fois pour que ça rentre dans mon coeur, dans mes cellules. Par son amour et sa tendresse toute bienveillante elle me dit tout cela, je lui dit en retour : « je t’entends me dire que je suis fort, dégourdi… ». A ce moment là, nous sommes connectés à toute mon histoire, à toute cette généalogie qui irrigue notre relation de couple et au delà. Qui vient rayonner mes proches et mes relations. Par sa présence et son écoute inconditionnelle, je me sens accueilli, vu, entendu et reconnu dans les parts à la fois fragiles et fortes :  mes parts ancrées en moi, et celles nouvelles que je veux faire éclore dans ma vie d’adulte. C’est bien dans cet espace relationnel que je peux laisser émerger ma vulnérabilité, en toute confiance et sécurité. 

Mon chemin de croissance est désormais de me dire que je suis fier, courageux, génial ou astucieux avec vérité et sincérité. Aligné, je vais alors apaiser le petitou qui était en quête perpétuelle de reconnaissance. Et le remercier de tout le job qu’il a fait pour que je sois vivant, ici et maintenant.

Merci Marc.

 

 

Proposition d’introspection seul, ou de dialogue avec son conjoint ( avant de démarrer, prendre soin de soi, respirer profondément plusieurs fois. Un conseil : prendre un cahier pour y noter vos pensées, vos remarques.

 

  • Ce que j’éprouve quant je ne me sens pas à la hauteur c’est…
  • Ce que ça me rappelle de mon histoire…
  • Ce que j’aurai aimé alors entendre c’est… ( plusieurs propositions)
  • En entendant tout cela, ce que ça me fait c’est ….
  • Ce que l’on verra alors de moi c’est…