– Se connaitre en tant que parents –
« Grâce à mon boulot, je suis allé fréquemment en Corse, et Michèle m’accompagnait. Auprès de viticulteurs, je les rendais autonome dans l’usage de logiciels techniques, en une formation sur la journée. Pendant une semaine je déambulais avec elle sur les routes charmantes et sinueuses de l’ile. Nous avons pu une fois embarquer nos trois filles. Qu’elle joie pour moi de leur offrir un temps de vacance en famille, même si moi je travaillais. J’avais à coeur d’organiser ma tournée pour passer un we familial.
Les avoir ( mes filles) avec moi me touche et m’émeut
J’imagine qu’elles n’ont pas choisi d’être là. Elles ne sont pas autonomes pour décider quoi faire, quoi visiter : « faut suivre papa au hasard de la route ». Je partage ma peur à Michèle et lui dit que je suis inquiet que mes filles s’ennuient, pendant que moi je travaille. Les avoir avec moi me touche et m’émeut. En me rendant compte que Michèle a toute la charge pour les occuper, cela renforce mon embarras. Je me raconte que malgré mon envie de leur faire vivre une semaine de dépaysement, elles se sentent obligés de faire ce que l’on décide, elles subissent les aléas de mes rdv, elles n’ont rien demandé. J’ai tendance alors le soir à me renfrogner, à presque bouder. Comme s’il fallait que les autres voient et subissent mon inquiétude. Je me sens distant et peu à l’écoute de leur journée aventurière.
Michèle me dit que les filles sont super, qu’elles se laissent emmener comme le pollen par le vent. Elles sont vraiment un bon public. Elles sont partantes pour toutes les propositions de découvertes et de visites. Et même que le soir je constate que j’ai droit à un comte rendu épique de leur journée. Je me sens alors soulagé, apaisé et reconnaissant à la fois vis à vis de Michèle qui met du coeur et une intention de lien et d’amour pour nos filles, et aussi pour mes filles qui suivent leurs parents.
Nous intégrons alors des messages soutenants ou réprimants.
Notre façon de voir les choses, de les expérimenter, de ressentir les émotions c’est forgé en nous dans notre enfance. Nous avons reçu des messages parentaux, nous les avons intégré et ainsi notre Etre s’est créé au centre des 4 canaux comportementaux. Quand nous arrivons au monde nous sommes vierges de tous ces messages sociaux, et notre vitalité est intacte.
Au fil des âges, nous nous adaptons en construisant des images intérieures positives et négatives. Nous intégrons alors des messages soutenants ou réprimants, en lien avec notre Etre :
- nos pensées,
- nos émotions,
- nos sensations,
- nos comportements.
Exemple de messages soutenants :
- je suis heureux que tu sois là
- tu as des idées géniales
- Pleurer c’est juste une vague, c’est normal
- j’aime quand tu me serres dans tes bras
- je remarque que tu adores faire du sport
Exemple de messages réprimants :
- tu te prends pour qui, je ne te reconnais plus
- réfléchis dans ta tête
- un homme ne pleure pas
- ne mets pas ça dans ta bouche
- stop, ne bouge plus, ne court pas, reste assis
C’est ainsi que nous construisons petit à petit notre posture d’adaptation, notre costume de survie. Et quand nous nous sentons en tension, parent ou enfant, il s’agit de cette énergie de protection qui jaillit : notre capacité de raisonnement est hors service. Nous sommes comme des robots qui seraient sous les ordres des messages imprimés dans leur ordinateur. Pour nous humains, c’est notre cerveau reptilien qui dirige alors nos comportements automatiquement sans discernement, qui répond toujours la même chose face aux mêmes ressentis, gérés par notre cerveau limbique. Le processus de réflexion est annihilé, notre cerveau de la pensée ( cerveau frontal) reste inaccessible.
Trouver sa posture de parent, son style
Alors quand nous ressentons de l’irritation, nous constatons que nous avons deux mouvements inverses. En parlant plus fort, en posant des questions, en cherchant des explications je sors mon énergie (maximiseur). Inversement bouder, ne plus bouger, parler doucement, partir : je rentre mon énergie ( minimiseur). Connaitre sa façon de s’exprimer quand nous nous sentons menacés va permettre de trouver sa posture de parent, son style, sa façon d’être avec le partenaire. Et l’enfant, qui part défaut s’identifie au parent le plus important pour lui ( sa figure d’attachement) va construire sa structure de caractère. L’invitation pour les parents est de faire le pas chacun l’un vers l’autre pour apporter l’équilibre dans leur relation, et ainsi dépasser leur posture inconsciente de parentalité.
La spécificité du dialogue intentionnel Imago est justement l’outil pour apaiser notre réactivité, pour laisser place à l’écoute de l’autre, à l’empathie. En proposant de visiter l’histoire de l’autre, nous nous décentrons en mettant de côté un instant notre propre histoire. Nous serons alors disponibles pour accueillir ce que vit l’autre personne ( plutôt qu’être un parent fusionnel).
Même si cela peut paraître comme un évitement du conflit, ou de l’autre personne, le cœur de l’évitement pour ceux qui minimisent ET ceux qui maximisent est l’incapacité à se confronter et à être présent à ses propres sentiments de vulnérabilité. La parentalité Imago propose une alternative grâce aux outils du dialogue intentionnel tels que le Miroir, la Validation et l’Empathie.
Proposition d’introspection seul, ou de dialogue avec son conjoint ( avant de démarrer, prendre soin de soi, respirer profondément plusieurs fois. Un conseil : prendre un cahier pour y noter vos pensées, vos remarques). Puis célébrez vos découvertes !
- En découvrant mon style de parent, je me sens ….
- Quand je me vois agir ainsi, j’imagine que mon enfant puisse se sentir….
- Une chose que je peux faire pour qu’il puisse se sentir c’est…